Les premiers véritables billets de banque
Un peu plus à l'ouest, en Angleterre, les choses se déroulèrent avec plus de souplesse. Le banquier écossais William Paterson insista pour que les orfèvres émettent ce qui était appelé des goldsmith notes (billets d'orfèvres). Tout le monde pouvait mettre son or ou son argent en dépôt auprès d'un orfèvre, et recevait en retour un accusé de réception. Ce billet faisait toujours mention d'une certaine quantité d'or, ce qui conférait au papier une valeur constante. Très vite, ces billets commencèrent à être utilisés couramment et à être échangés. Après quelque temps, les orfèvres se mirent à émettre plus de billets que la quantité d'or qu'ils avaient véritablement en dépôt. Cela permit toutefois d'éviter un fiasco semblable à celui survenu en Suède. En effet, William Paterson fonda la Banque d'Angleterre en 1694, qui reprit le travail des orfèvres. L'État anglais se porta garant du montant indiqué sur les billets, et régula l'émission de ces derniers. Au fil des années, ce modèle bancaire s’installa progressivement en tant que norme au sein de l'Europe. Ces billets étaient surtout très pratiques, possédant une valeur monétaire et un simple cadre en guise d'illustration. Mais les billets de banque ne deviendraient une plateforme pour les artistes et les chefs d'État que bien plus tard.
Le premier billet belge
Une centaine d'années plus tard, l'utilisation du billet de banque fit son apparition en Belgique, lentement mais sûrement. Les banques se mirent à émettre des billets au compte-goutte. Ce fut la Banque d’Ostende et de Bruxelles qui produisit les tout premiers billets. Mais les billets de banque ne jouèrent encore qu'un très petit rôle au sein des transactions financières, et furent principalement utilisés dans le monde des affaires.
Après la révolution belge de 1830, la jeune Belgique se mit à la recherche d'une solution alternative pour le florin. Le choix du franc, calqué sur le modèle de la devise française, fut principalement soutenu par des motivations politiques et économiques. Le franc belge fut donc introduit en 1832. Toutefois, le billet de banque ne fut pas immédiatement adopté comme moyen de paiement par la population belge. Ce n'est pas étonnant, étant donné que le billet de banque n'acquit le statut de moyen de paiement légal qu'en 1873. Les billets qui furent émis vers le milieu des années 1850 par la Banque nationale devaient même être signés de la main du gouverneur afin de renforcer davantage leur fiabilité en tant que moyen de paiement. Mais monsieur-Tout-Le-Monde préféra cependant laisser la monnaie en papier de côté. Les tout premiers billets valaient en effet énormément d'argent. Un billet de 500 francs équivalait à plus de 2000 euros actuels, et était donc inutilisable dans la vie de tous les jours. Toutefois, les billets allaient peu à peu gagner en popularité. Grâce à cette hausse d'intérêt, la conception des billets de banque fit notamment de grands bonds sur le plan esthétique. Au début du 20e siècle, de jolies conceptions art nouveau vinrent donc décorer les billets. La Belgique connût une révolution artistique, et cela se remarqua sur ses billets.
La dernière série de billets en francs belges avant l'introduction de l'euro fut réalisée en 1992. Cette dernière rendit hommage aux artistes, inventeurs et chefs d'État qui façonnèrent le 20e siècle de la Belgique. Du peintre James Ensor au couple royal Albert et Paola. Des objets de collection tout à fait exceptionnels qui honorent de nombreux Belges influents.