Prenez par exemple Dixmude…

Si je traverse le paysage vert amical du Westhoek, j’ai du mal à imaginer que dans ces lieux des luttes féroces se passèrent pendant la Grande Guerre. Le paysage vous invite à une belle balade en vélo. L’Yser coule calmement dans la lumière du soleil du printemps comme si rien ne s’était passé près de ses rives. Rien n’est moins vrai, nous le savons malheureusement bien en Belgique.

Dixmude
Prenez par exemple Dixmude. En octobre 1914 pendant la première Bataille de l’Yser la ville fut défendue fanatiquement par nos troupes avec le soutien de 600 fusiliers marins français. Si vous marchez dans la ville et vous voyez le beffroi, alors vous voyez l’endroit où il n’y avait plus aucune maison en 1918. Après 1918 tout Dixmude fut reconstruit, avec son beau beffroi heureusement.

A partir du 10 octobre 1914 les 75 000 soldats rescapés de l’armée belge arrivèrent dans le Westhoek après la chute d’Anvers. Les soldats étaient épuisés. Leur moral était lourdement éprouvé par la supériorité meurtrière de l’armée impériale allemande. L’intention fut même que le roi Albert I se retire en France avec ses hommes. Le commandant en chef français Joffre mit un terme à cela. Le roi décida de rester dans le pays afin de garantir la souveraineté du pays. Il resta avec ses troupes derrière l’Yser. Il n’y avait aucun plan stratégique. Cette opération dut être improvisée.

Dixmude avait le seul pont ferroviaire sur l’Yser dans le Weshoek. Il était crucial que le matériel de guerre du dépôt militaire d’Oostende fût emmené en sécurité en France via les chemins de fer. Ce fut un succès. Pas moins de 1000 wagons avec du matériel militaire furent conduits en France en ces journées chaotiques de 1914. Le dernier train atteignit Dunkerque le 18 octobre.

La Bataille de l’Yser
Le même jour commença la bataille de l’Yser. Les allemands essayèrent de passer par la mer et de là le long des côtes vers Dunkerque et Calais afin de s’emparer de ces ports français stratégiquement très importants. Dixmude se trouvait dans la ligne d’attaque. La ville fut furieusement défendue par l’armée belge et les fusiliers marins français. Finalement ils durent abandonner les lieux le 11 novembre 1914.

Le 22 octobre les allemands traversèrent l’Yser par Tervaete. Deux jours plus tard les belges inondèrent la zone entre la rivière et la ligne de chemin de fer Dixmude-Nieuwpoort. Les allemands durent se retirer sur la rive droite de l’Yser avant l’arrivée des eaux. Là pendant toute la guerre les belges et les allemands se trouvèrent à moins de 10 m de distance dans les tranchées. La tranchée était très dangereuse, si périlleuse qu’elle fut appelée le Boyau de la mort. Ce Boyau de la mort existe encore et je l’ai visité. La première Guerre mondiale y est toujours présente. Avec les nombreux cimetières de guerre dans les environs le Boyau de la mort est un témoin silencieux des horreurs de la guerre qui s’y sont accomplies. Le 22 novembre 1914 se termina la Bataille de l’Yser. Selon les historiens elle fut aussi importante que la première bataille de la Marne en France entre le 5 et 12 septembre 1914. Les deux batailles stoppèrent l’avancée allemande. La guerre de mouvement changea alors en une guerre des tranchées statique qui dura toute la Première Guerre mondiale.

Nous commémorons ces jours de la Grande Guerre d’il y a 100 ans. Lorsque je me promenai dans Dixmude, je réalisai alors qu’en ces lieux nos soldats belges remplirent le rôle d’héros. Ils endurèrent ici quatre lourdes années de guerre. Leurs efforts me remplissent du plus grand respect possible à leurs égards.