Une succession difficile
La succession au trône du roi Michel ne s'est pas déroulée de façon traditionnelle. Ce dernier devint roi en 1927, à l'âge de 6 ans, en succédant à son grand-père Ferdinand. Son père Carol II était toujours en vie, mais dut renoncer à son droit au trône en raison de son mariage illégal avec une roturière.
Ce mariage fut toutefois annulé, et en 1930, Carol II put monter sur le trône et le jeune roi Michel fut destitué.
Les premières pièces de 20 lei du jeune roi Michel, qui furent remplacées en 1930 par des pièces à l'effigie de son père, Carol II.
Carol II n'occuperait toutefois le trône que pendant dix ans. En effet, ce dernier fut contraint de céder plusieurs grands territoires à l'Allemagne nazie, ce qui ne plut pas à la population. Il fut alors détrôné par le président du conseil Ion Antonescu. Carol II quitta le pays et ne revit plus jamais son fils ni sa patrie.
Le roi sans trône
À l'âge de 19 ans, le roi Michel fut donc remis sur le trône, mais sans véritable pouvoir. Le pays était au beau milieu de la Deuxième Guerre mondiale, et la Roumanie était occupée par les troupes d'Hitler.
Les dernières pièces de 250 lei du roi Carol II, qui furent remplacées en 1941 par des pièces à l'effigie de son fils, le roi Michel.
Le président du conseil, Ion Antonescu, avait allié le pays avec les Allemands, et s'était lui-même rangé du côté d'Adolf Hitler dans un effort pour contrecarrer l'Union soviétique toute proche.
Cependant, le roi Michel œuvrait en secret pour réaliser un coup d'État. Il vit son peuple souffrir sous l'influence de la répression allemande, et fit grandement pression sur les membres du parlement pour détrôner Antonescu.
Coup d'État
Dans l'histoire de la Roumanie, la date du 23 août est connue comme le jour du coup d'État royal. Le roi Michel demanda à Antonescu de le rencontrer au palais royal, et plaida en faveur du retrait de la Roumanie des forces de l'Axe. Ion Antonescu refusa et le roi le fit arrêter.
Dans un discours passionné la veille de l'installation du nouveau gouvernement, le roi s'adressa à son peuple. Il capitula, et déclara son soutien aux Alliés.
Les historiens s'accordent à dire que la destitution de Carol II et l'intervention du roi Michel permirent de raccourcir la Deuxième Guerre mondiale de six mois. L'Allemagne perdit un allié très stratégique dans les Balkans, ce qui s'avéra être une énorme gifle. L'action décisive de Michel fut louangée, et il reçut les plus hautes distinctions du président américain Truman et de Joseph Staline.
Le communisme règne
Le roi couvert de lauriers fut forcé sous la pression politique d'installer un gouvernement pro-soviétique ; gouvernement qui le bannirait moins de trois ans plus tard.
En décembre 1947, menacé d'une arme sur la tête, le roi Michel fut contraint de signer une déclaration d'abdication. Il devait abdiquer, ou sinon...
Comme dernière « faveur », Michel fut autorisé à quitter le pays en vie, et demeura en exil depuis ce jour comme roi sans trône. Le dernier des souverains derrière le rideau de fer avait donc été chassé.
Les pièces commémoratives en argent émises en 1941 et 1946, les dernières à avoir été produites dans le royaume de Roumanie.
Le roi en exil
Michel épousa la princesse Anne de Bourbon-Parme et de Danemark, qu'il avait rencontrée lors des noces de la princesse Élisabeth et du prince Philippe du Royaume-Uni. Ils s'installèrent en Suisse, où ils vécurent 45 ans et fondèrent une famille. Le roi Michel ne retourna en Roumanie qu'en 1992, et y fut accueilli par des salves d'applaudissements. Pour beaucoup de Roumains, il s'agit encore d'un des plus beaux jours de leur vie.
Une médaille émise par la banque centrale à l'effigie du roi. La première fois en 65 ans.
Toutefois, Michel ne voulut pas imposer un retour de la monarchie constitutionnelle. Il n'aurait restauré la couronne que si le peuple l'avait voulu. Mais même si l'opinion publique sur la maison royale s'était fortement améliorée au cours des dernières années, la population n'en serait jamais arrivée là.
À l'occasion de son 90e anniversaire, Michel put prononcer un discours au sein du Parlement, pour la première fois en 64 ans. Il décéderait six ans plus tard ; comme un roi aimé et un héros de renommée internationale.