Un jeune général
En décembre 1790, le futur roi vit le jour en tant que Léopold Georges Christian Frédéric dans le château d'Ehrenburg à Cobourg. Léopold était duc de Saxe et prince de Saxe-Cobourg-Saalfeld. Il était le troisième fils du duc François de Saxe-Cobourg-Saalfeld et d'Augusta Reuss d'Ebersdorf.
À peine âgé de cinq ans, Léopold fut déjà nommé colonel du régiment Izmaïlovski de la garde impériale russe. Il fut préparé très tôt à suivre une glorieuse carrière militaire. Léopold fut nommé général sept ans plus tard (à l'âge de 12 ans).
À l'époque, Napoléon Bonaparte et ses armées étaient à leur apogée. Le territoire de Léopold fut donc très vite occupé. Ce dernier décida de déménager à Paris, où il se révéla être une figure marquante à la cour. D'ailleurs, son jeu ne passa pas inaperçu auprès de l'empereur français, qui lui offrit sans succès un rôle au sein de son armée. En réalité, Léopold était contrarié par le fait que Napoléon occupe son territoire. Au lieu de combattre aux côtés de Napoléon, il se joignit à l'armée russe et prit part aux campagnes menées à l'encontre de l'empereur. Ses performances furent récompensées ; il fut nommé général en chef, une fonction très prestigieuse.
Dans l'intervalle, Léopold était devenu l'un des nobles les plus convoités dans le monde. Il voyageait régulièrement entre l'Allemagne, la Russie et Paris. Peu à peu, il devint un influent diplomate. Il prit part au Congrès de Vienne, dans le cadre duquel l'Europe fut politiquement redistribuée après la chute de Napoléon.
Des liens avec la Grande-Bretagne – son mariage avec Charlotte Augusta
Les grands souverains d'Europe furent nombreux à remarquer l'importante ascension de Léopold. Le « butin » revint finalement au roi britannique Georges IV, lorsque sa fille unique, Charlotte Augusta, épousa Léopold. Malheureusement, ces jeunes mariés ne purent pas profiter de leur mariage très longtemps ; un peu plus d'un an plus tard, Charlotte donna naissance à un fils mort-né et décéda le lendemain.
Ce fut un événement déchirant pour le jeune Léopold. Après ce drame, il vécut plusieurs années dans la confusion au sein de la cour britannique. Là-bas, il se chargea en partie de l'éducation de sa nièce Victoria, qui deviendrait plus tard la reine du Royaume-Uni.
Un trône offert à plusieurs reprises
Grâce à ses liens avec la plupart des grandes cours européennes, Léopold était un candidat au trône idéal. C'est notamment ce que pensèrent les Grecs. En 1830, Léopold se vit donc offrir la possibilité de monter sur le trône du pays, mais il déclina.
Pendant ce temps, une révolution bouillonnante fit rage dans notre pays. La Belgique se retrouva sans monarque, et le Congrès national dut se lancer à la recherche d'un candidat approprié. Ce fut tout d'abord Louis d'Orléans, le fils du roi Louis-Philippe de France, qui fut choisi comme futur souverain. Mais les grandes puissances européennes rejetèrent cette proposition. Les liens avec la France étaient trop étroits, et le risque de voir survenir un déplacement de puissance majeur était bien trop important.
Léopold était le choix suivant. Il avait absolument tout ce qu'il fallait : le soutien de l'Angleterre, qui était favorable à l'indépendance de la Belgique, ainsi qu'une expérience internationale et un prestige sans précédent. Il était même apprécié par la famille royale française. Léopold parlait couramment l'anglais, l'allemand et le français, et connaissait quelques rudiments de russe. Par ailleurs, il entretenait d'excellentes relations avec la très influente famille de banquiers Rothschild. Il ne parlait toutefois pas le néerlandais, mais ce n'était pas un problème pour le jeune État belge. Le seul inconvénient était que Léopold était protestant. Comme condition pour le couronnement, ce dernier dut donc promettre d'épouser une princesse catholique et d'élever ses enfants dans la religion catholique.
Léopold accepta.
Ainsi, Léopold devint le premier roi des Belges le 26 juin 1831. Le nouveau roi arriva d'Angleterre en bateau et débarqua à Calais. Il voyagea ensuite à travers son nouvel État ; il fut tout d'abord amené à La Panne en carrosse, puis se vit offrir un repas à Furnes. Il passa encore par Ostende, Bruges et Gand avant de se rendre à Laeken. Il prêta serment le 21 juillet sur la Place Royale de Bruxelles.
Son deuxième mariage
Grâce à son deuxième mariage, Léopold resserra ses liens avec la France voisine. Le 9 août 1832, Léopold épousa Louise-Marie d'Orléans, la fille de Louis-Philippe, roi des Français. Le couple eut quatre enfants : Louis-Philippe (qui décéda jeune), le futur roi Léopold II, Philippe (le père d'Albert Ier) et Charlotte (la future impératrice du Mexique).
Son beau-père, le roi Louis-Philippe, allait être chassé de son trône en 1848 à la suite d'une révolution. La flamme de la rébellion n'atteignit heureusement pas la Belgique. Léopold fut un souverain extrêmement apprécié et un diplomate très habile.
Son épouse décéda deux ans plus tard. Léopold en fut toutefois moins affligé que lors du décès de sa première épouse. Bien qu'ils entretenaient de bonnes relations, ce dernier avait eu différentes maîtresses au fil des années. La plus importante fut Arcadie Claret, avec qui il eut deux enfants illégitimes.
Léopold décéda en 1865 à l'âge de 75 ans. Les Belges furent très touchés par la perte de leur grand roi.