Le ducat d'or – une monnaie riche en histoire

En 2017, nous célébrons le 200e anniversaire du ducat d'or néerlandais moderne, une pièce de renommée mondiale qui bénéficie d'une très riche histoire. Le tout premier ducat d'or du royaume uni des Pays-Bas fut frappé en 1817. Aujourd'hui, en l'honneur de cet événement, la Monnaie royale des Pays-Bas a décidé d'émettre une réédition tout à fait exceptionnelle de cette pièce. Et bien que cet anniversaire particulier soit célébré cette année, le ducat jouit en réalité d'une histoire bien plus longue. Je vais donc m’arrêter un instant sur les origines de cette pièce internationale.

Dans le monde de la numismatique, il est exceptionnel qu'une pièce de monnaie connaisse une histoire nationale de plus de 400 ans. Et ce qui est encore plus exceptionnel, c'est que la conception de cette pièce est pratiquement restée inchangée pendant toutes ces années. La devise qui figure sur la pièce, ‘Concordia Res Parvae Crescunt’ (l'union fait la force), orne donc l'avers de cette dernière depuis la toute première émission en 1586. C'est également le cas du chevalier en armure portant une épée dans la main droite et un faisceau de flèches dans la main gauche. Sur le revers, l'inscription MO(neta) ORD(inum) PROVIN(ciarum) FOEDER(atarum) BELG(ii) ADLEG(em) IMP(erii) est restée employée jusqu'en 1817. En latin, cela signifie : pièce des États des Provinces-Unies des Pays-Bas conformément à la loi de l'Empire. Dans la phrase latine, le terme BELG(ii) fait référence à la Belgique et aux Pays-Bas actuels réunis. « Selon la loi de l'empire » signifie que la pièce répond aux exigences strictes des monnaies allemandes qui étaient en vigueur depuis le 16e siècle.

Cette pièce devait être une monnaie de négociation de haute qualité, une pièce presque exclusivement employée dans le commerce ou comme pièce d'épargne. Il s'agissait donc véritablement d'une pièce de monnaie-lingot avant la lettre. Et pour le commerce, c'était plus que suffisant. Au début du 16e siècle, l'épicentre du commerce mondial s'était en effet déplacé de la mer Méditerranée vers l'Atlantique et la mer du Nord. À cette époque, seules très peu de pièces étaient généralement acceptées dans le commerce international. Parmi celles-ci, nous retrouvions par exemple le ducat espagnol et la couronne française. Mais à cette période, un seul endroit formait le centre du commerce. Toutes les routes commerciales rejoignaient les Pays-Bas, notamment grâce à leurs nombreux ports très fréquentés. D'innombrables navires partaient vendre des marchandises en Afrique et en Indonésie, principalement depuis le port d'Amsterdam. Le ducat d'or néerlandais, frappé à grande échelle à Utrecht et à Bruxelles, devint tout d'un coup la monnaie la plus utilisée au sein du commerce mondial.

Le revers fut modifié en 1817 après une période agitée aux Pays-Bas : MO(neta) AUR(ea) REG(ni) BELGII AD LEGEM IMPERII, pièce en or du royaume des Pays-Bas conformément à la loi de l'Empire. Le roi Guillaume Ier fraîchement couronné se demanda ce qu'il avait à voir avec l'empire allemand, et le ministre des Finances lui expliqua que l'inscription concernait uniquement la teneur en or et le poids du ducat. Parmi les nouveaux ducats, ceux qui furent frappés à Bruxelles furent extrêmement rares. En effet, la Belgique fut divisée peu de temps après l'émission de la nouvelle pièce, et la Monnaie bruxelloise ne frappa dès lors plus que des francs.

Aujourd'hui, à l'occasion du 200e anniversaire de cette pièce, la Monnaie royale d'Utrecht (détenue par des Belges depuis 2016 !) a émis un nouveau ducat d'or qui respecte scrupuleusement la tradition. Sur l'avers, nous retrouvons l'année de cette émission au-dessus de l'année de l'émission d'origine. L'inscription, qui est également la devise nationale de notre pays, est quant à elle restée inchangée. C'est là une chance unique de détenir un morceau d'histoire entre ses mains.