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Le père de tous les thalers, le Joachimsthaler – Bohème, 1525
Ce thaler relativement imposant et de haute qualité fut une conséquence directe du mauvais état du système monétaire européen du 15e siècle. Au cours du 14e et 15e siècle, la qualité des pièces de monnaie se détériora de plus en plus en raison de la rareté croissante des métaux précieux, qui fut causée par les guerres permanentes et par l'importation onéreuse des épices, de la porcelaine, de la soie et d'autres produits exotiques en provenance de l'Extrême-Orient. À la fin du 15e siècle, les pièces européennes contenaient souvent moins de 5 % de métaux précieux.
Mais cela changea lorsqu'une grande quantité d'argent fut découverte en Europe de l'Est à la fin du siècle. Cette découverte permit en effet de frapper de très nombreuses pièces, à la fois plus grandes et plus pures. Ainsi, une nouvelle norme fut établie. Lorsqu'une gigantesque mine d'argent fut dévoilée dans la ville de Joachimsthal, une nouvelle monnaie fut conçue et frappée sous l'œil attentif du roi Louis Ier de Bohème et Louis II de Hongrie. C'est ainsi que le Joachimsthaler vit le jour.
Très vite, d'autres réserves d'argent furent découvertes dans d'autres « thalen » (vallées) des environs, et chacun se mit à frapper son propre thaler. Il ne fallut d'ailleurs pas longtemps avant que presque tous les États de l'Europe possèdent leur propre variante.
Le daalder –Pays-Bas, 1576
En 1575, la Monnaie de Dordrecht dans la province de Hollande frappa le tout premier thaler au lion. Les provinces des Pays-Bas en révolte voulurent disposer d'une monnaie propre qui soit équivalente aux pièces espagnoles qui circulaient dans le pays. Le cours de cette pièce populaire était de 32 patards, soit 3 patards de plus que la valeur de l'argent. La différence servit à remplir les caisses de l'État ; un impôt qui fut utilisé pour financer la guerre contre l'Espagne. Ainsi, la Monnaie joua finalement un rôle important dans l'indépendance de la république.
Sur l'avers, vous pouvez admirer le chevalier armé ainsi que le célèbre blason : le lion rampant. Ce même lion orne le revers de la pièce. L'inscription, MO. NO. ARG. ORD. HOL, est l'abréviation de la phrase latine Moneta Nova Argentea Ordinum Hollandiae. Cette dernière signifie « nouvelle pièce d'argent des États de Hollande », et constitue une déclaration claire envers les occupants espagnols.
Le daler – Danemark et Norvège, 1637
Le thaler rencontra également beaucoup de succès auprès de nos voisins scandinaves. C'est le roi Christian IV de Danemark et de Norvège qui réclama la conception du daler danois. Le buste couronné du roi en orna l'avers. Le texte REGNA FIR MAT PIETAS (la piété renforce le royaume) y figura également, entouré à son tour de l'inscription CHRISTIANUS IIII D G DANI NORG REX (Christian IV roi de Danemark et de Norvège par la grâce de Dieu). Le revers, pour sa part, fut paré du lion rampant et couronné, ainsi que de l'inscription BENEDICTIO DOMI NI DIVITES FACIT (la bénédiction du seigneur rend riche).
De Reichthaler – Brunswick-Lunebourg (Allemagne), 1666
La conception des thalers fut toujours de plus en plus créative, et servit à représenter la culture du pays dans lequel ils avaient été frappés. Le Reichthaler allemand fut frappé par le duc Auguste le Jeune.
Sur l'avers, vous pouvez admirer l'« homme sauvage de la forêt », une figure mythique de l'époque médiévale. Cet homme sauvage est considéré comme l'intermédiaire entre l'humanité et les créatures particulières de la forêt. Il fut souvent représenté dans les œuvres d'art et sur les armoiries de l'Allemagne et des Alpes. Le revers, quant à lui, arbore les armoiries du duché surmontées de cinq heaumes décorés.
Dans la dernière édition de L'Origine du dollar, nous nous pencherons plus en détails sur le real de a ocho espagnol et sur le rôle très important que le tout premier dollar allait jouer dans l'histoire du monde.
